vendredi 11 décembre 2020

Voyage entre Aulon et Latoue


 Coucou les petits dromadaires, 

Nous continuons de vous partager nos textes sortis de nos esprits lors de nos virées à vélo. 

Alors bonne lecture!

Con Amor

Camil y Fanil.



C'était peut être le dimanche 22 novembre ou le lendemain d'hier, ou le matin du soir du lendemain je n’sais plus...


Météo: Ensoleillé mais froid

Etat d'esprit de Camil: ça va !

Première étape: Aulon 


Plein d'air dans les poumons

J'ai mon cœur qui bat très vite

Ma respiration n'est pas très fluide encore

Le vent me souffle dans les oreilles

C'est un peu douloureux.

Je pense que je suis une fourmi

Qui avance lentement sur la terre.

Combien y- a t'il de gens qui font du vélo au même moment ? 

Et où vont -ils ? 

Le bitume fait un bruit de sourdine sous mes roues, 

comme un bourdon, une mélodie qui chante.

Merde ! il y a un camion qui passe.

J'ai de nouveau cette sensation de fourmi, de minuscule.

Il pourrait m'écraser si facilement.

ça y est, il est passé, c' était rapide. 

En 1/4 de secondes j'ai croisé le regard du chauffeur.

En 1/4 de seconde je me suis demandé d'où il venait.

AULON 

Je ne suis jamais venu ici. 

C'est mignon, petit. 

Quoi que très similaire à d'autres petits villages de la région.

C'est calme et agréable.

    Pendant que j'écris j'ai mon oreille qui devient moins douloureuse.

Le sang dans mes joues se dissipe. 

Le soleil tape doucement sur mon front, c'est réconfortant.

Comme un câlin.

Une étreinte qui réchauffe.

Je n'ai aucune idée de l'heure, un peu oublié la date.

Je n'ai rien à faire à part respirer à plein poumons cette nature.

Me laisser porter. 


Deuxième étape: Latoue


Nous sommes en campagne ,en tant de confinement. La route est bitumée, mais pas beaucoup de circulation, jusqu'à arriver à un feu.

Un contrôle de circulation, comme dans les grandes villes, 

ici entre Aulon et Latoue. 

Quand tu es en voiture ça n'a rien d'extraordinaire, une banale routine, mais à vélo on se laisse surprendre. Comme si le code de la route de nous concernnait pas. Comme si en partant en vélo ce genre de situation ne pouvait pas arriver. 

D'ailleurs Fanil me pose la question si on s'arrête au feu. Je n'en n'aurais pas fait cas s'il n'y avait pas eu autant de voitures. Je ne me serais pas arrêtée, mais là je me sentais observée

Je sens comme un paradoxe étrange: 

Je me sens plus en sécurité sur mon vélo. 

 La voiture peut m'apporter confort, vitesse et praticité, mais elle me renvoi aussi à un monde de codes, de règles à respecter et de contrôle finalement.

Alors qu'à vélo je ne suis qu'une toute petite chose complétement libre.

Je ne suis pas dispensée du code de la route, mais ça me parait moins grave.

Avec mon vélo je me faufile, je passe inaperçue et ça me rassure un peu.

Je suis hors champ et je ne me sens pas seule. Je suis avec moi même.

Nous sommes assises sous un saule pleureur au bord d'un lac. Quelques poissons sautent, des enfants jouent dans le parc et je me sens bien. 


Météo: Ensoleillé mais froid

Etat d'esprit de Fanil: ça va aussi mais il fait froid quand même !

Prémière étape : Aulon

Que c'est beau d'écrire au soleil, le cul au frais. Des amis nous rejoignent ce soir c'est joyeux ! J'avais la boule au ventre sur ce trajet. De manière discrète mais elle était là. Néanmoins, je n'ai pas pu apprécier le paysage. Reprendre ce chemin St Elix Aulon que j'emprunte en voiture depuis mon enfance... Et ce qui est dingue, c'est que comme le paysage passe rapidement, je n'avais pas repéré le vieil arbre dans le champ après St Elix. Petite pause dans mes pensées qui me crient : c'est horrible de se dire qu'on pourrait être dénoncé juste parce qu'on se ballade hors de notre périmètre autorisé. En temps normal, il y a beaucoup plus d'espace. Mais en temps de confinement l'espace de liberté se resserre considérablement. C'est très déstabilisant . Finalement, si on suit bien la loi, malgré les petites contraintes que cela occasionne nous pouvons "presque" oublier  de considérer la sensation d'être privé de liberté (enfin en précisant le contexte d'habiter à la campagne et de ne pas avoir d'enfants à charge en plus de télé-travailler !). Mais dès qu'on décide de dépasser du trait, de sortir un orteil, on voit très vite que c'est horrible de se dire que quelqu'un, discrètement du haut de sa fenêtre, voulant contribuer au bien être des citoyens français nous dénoncerait pour non respect de la loi. Y'en a t'il beaucoup des dénonciateurs? Peut-être que ceux qui dénoncent, pensent le faire pour le bien commun et ne sont pas de vilains dénonciateurs qui voudraient se venger de l'humanité . Du coup voilà, nous, on décide de vivre, de prendre le risque, on décide de pédaler. Réellement, on fait rien de mal! On se ballade avec des distanciations appréciables, on s'arrête dans des endroits aérés. Mais non, en ce moment de l'histoire, on est potentiellement hors la loi. C'est dingue !Non je refuse d'obtempérer ! c'est pas possible, je ne veux pas cautionner cela. Ce n'est pas possible. Je refuse. JE REFUSE EN BLOC !J'ai envie de me renseigner plus en profondeur sur les êtres souverains, relire quels sont mes droits, quels sont les droits universels et inaliénables de l'être humain. Quel est la fonction de l'état ? Quel est le rôle des gardiens de la paix? Voilà, y'a plus qu'à ....Le sol froid sous mes fesses. le soleil descend déjà... On est bien sur l'aire de la Bouzigue....Le soleil nous chauffe encore. Lui il restera là ! Les tondeuses sont de sortie... Le ruisseau à côté continue à couler....Les voitures à emprunter cette route principale. On va passer devant l'endroit où habitait Joël. Un petit camarade de classe qui m'avait dit que son grand frère était mort dans un accident de chasse. Après cet événement ils ont commencé à mettre des gilets oranges, des gilets jaunes !  j'y repense souvent quand je passe à cet endroit.... Une histoire qui a marquée mon paysage d'enfant.

 

Deuxième étape Latoue:


Ecrire au bord d'un lac
Voyager autour de chez soi. Les lieux sont bien beaux déjà. Pas besoin d'aller plus loin que quelques kilomètres. Ce serait tellement bon de se prévoir au moins une tournée à vélo par an. Histoire de se reconnecter à notre paysage, à la nature. Les clapotis de l'eau et les voitures, toujours les voitures au loin. J'avais moins peur là.( Pause). Je ferme mes yeux et je sens le soleil sous mes paupières. C'est rose orangé... Que vois-je les yeux fermés? Que me révèle de moi-même ce monde de formes et de couleurs rougeoyantes, envoutantes, tournoyantes (c'était pour la rime). C'est plutôt, en réalité (enfin est-ce la réalité?)...des pointillés. Qu'est-ce que mon pointillisme interne me révèle? Qu'est-ce que tu veux me dire pointillisme? Pourquoi es-tu là? Que fais-tu? M'entends-tu? Où es tu? Je mets mes chaussures... Je prépare mon corps à ces deux voyages à vélo. Pour le premier j'ai encore une fois décidé de partir seule. Et si j'orientais mon écrit sur un texte pour notre spectacle en duo, plutôt que d'écouter, de coucher sur papier mon langage interne? Mais ça me fait tellement de bien de coucher tout cela par écrit. ça me permet d'avancer, ça me permet d'avoir plus de clarté. C'est long d'écrire et à la fois ça permet de choisir un chemin, de tracer une ligne du bout de ma plume ou de ma bille de stylo. L'encre est là pour ordonner mes pensées. De quoi veut-on parler dans ce spectacle? A quoi sert l'art? A quoi servent les artistes? Est-ce la question? A quoi sert-on sur cette planète? Vu qu'elle nous attend pas pour continuer à vivre sa vie. D'ailleurs, on la saigne depuis quelques siècles et ce qui est rassurant en un sens c'est qu'elle se défend. En ce moment les catastrophes climatiques me font penser à une réponse de la terre qui est en colère et qui ne se laisse pas faire. Le problème c'est qu'elle ne s'en prend pas forcément au plus méchant.... Mais qui est vraiment le méchant? Veut-on tomber dans une vision dualiste du monde? 
Je commence à avoir vraiment froid... le soleil s'échappe, il va falloir s'échapper nous aussi pour rentrer au chaud et apprécier le retour au bercail, dans notre cocon tout chaud....
Mais avant ça deux minutes pour apprécier cet endroit simplement, respirer une dernière fois ce coucher de soleil qui sera bientôt caché par les montagnes.
 


mercredi 2 décembre 2020

Vélo sous la pluie


Coucou les petits dromadaires.


Nous revoilà les Chamel N°5. Nous vous partageons, dans ce nouvel article, les premiers textes que nous avons écrit lors de notre dernière résidence. Nous avons fait l'expérience de partir en vélo toute les deux, et de garder le silence durant le voyage. A notre retour nous devions écrire spontanément et instinctivement ce que nous avions pu penser durant le voyage. 

Chaque semaine nous vous dévoilerons nos textes et nos réflexions.


Très bonne lecture chère famille de camélidés. 


Con Amor


Fanil y Camil. 

                                                   


    


Jeudi 19 novembre 2020

Météo: Pluie 

Etat d'esprit de Camil: Pleine d'entrain. Euphorique d'aller faire du vélo sous la pluie.


Plisse les yeux
Les gouttes s'immiscent
Ont-elles mal quand elles nous percutent? 
Mes pensées fusent
Je regarde la boue se prendre dans mes garde-boue
Mes pensées peuvent elles s'arrêter? 
Puis-je les contrôler, comme quand j'appuie sur mes freins ? 
J'ai pas peur, je lâche les freins
Voir où mène le chemin.
C'est facile de savoir où on va
Plus difficile quand on ne connait pas l'endroit.
Il y a Fanny juste là
Je me sens déjà un peu chez moi.
Mes mains sont engourdies
Je n'ai pas froid, c'est juste la pluie
Elle m'arrose
Comme ce champ
Comme cette forêt
Comme cette rose.
J'ai une mélodie dans la tête
" ce petit chemin qui sent la noisette"
Ouf, attends, il y a une petite montée
Un petit effort pour arriver à grimper
J'ai l'adrénaline de la descente
Qui viendra juste après.
Je regarde mes bottes, mes pieds
Qui font des va et viens.
Ils ne touchent pas terre
Ils sont comme des papillons
Virevoltant dans les herbes.
Il y a cette goutte d'eau sur mon nez
Combien de temps va t'elle mettre pour tomber ? 
Elle me fait loucher un peu
Avant de la voir sauter puis s'écraser. 


                                        



Etat d'esprit de Fanil: Contente de rentrer au sec, le vélo sous la pluie on y voit rien et ça fait froid aux mains


Quel bonheur de retrouver le chaud !!!
Le dedans, le sec… Je me disais en roulant mais à quoi ça sert cette expérience, 
non mais franchement??
Mais je me sens tellement bien après cette épreuve que je comprends pourquoi.
Je me sens rudement privilégiée de pouvoir vivre ça.
 Je fais l’expérience inconfortable et après je rentre au chaud dans mon cocon. 
Quelle chance.
 Je sais que la plupart des gens n’ont pas la possibilité d’avoir un lieu en paix où se ressourcer. 
Mais à la fois on peut aussi trouver la paix partout.
N’importe où?
Je me disais aussi...
Comment veux tu apprécier le paysage et te connecter à tes sensations 
quand tu es dans l’urgence de gérer une situation inconfortable?
C’est à dire, là j’ai froid, il pleut, je vois rien, je galère…Comment veux tu que je gère, que je me concentre sur le beau paysage? J’y vois juste plus rien avec cette pluie. 
Et puis l’effort m’a finalement réchauffer. C’est bon….
Vais-je replonger volontairement dans cette galère froide? 
A quoi bon souffrir quand le bien être est à porté de main? 
Il suffirait juste que je me positionne. Que je dise simplement qu’on arrête ce jeux. 
Oui d’ailleurs je peux le faire. 
En ai-je envie?
L’expérience ou le bien être? L’expérience inconfortable ou le bien être? 
Où vais-je grandir le plus?
Où vais-je apprendre le plus? En chier et me réchauffer après? 
Ou me réchauffer tout de suite et recommencer plus tard ? 
Quand il ne pleuvra plus, quand ce sera plus confort et moins pluvieux, moins caca dehors.
 Mais après je pourrais plus écrire là dessus. Je ne pourrais plus écrire sur cette expérience positive et est-ce que cela m'intéresse? 
Pffff pose ton cerveau et écoute. 
Ressens. 
Je ressens de la fatigue.
 Mon ventre à presque faim, mon épaule droite m'envoie des signaux....
 Je respire, j'expire, j'expire ce que je ressens, 
ce que ma part écrivaine à envie d'exprimer.
Quelle heure il est? 
Je suis sûre qu'elle a envie de repartir Camil...
 Tu crois? Bon après c'est pas loin, c'est plus court que le chemin qu'on vient de prendre.
Et puis moi c'est plus facile, j'ai une assistance électrique, 
je suis pas une vraie, alors bon, qu'est ce tu veux que je te dise? 
J'ai un peu faim, enfin, un peu plus faim que tout à l'heure 
et j'ai encore un peu mal dans mon épaule droite et maintenant aussi dans ma main. 
J'ai plus l'habitude d'écrire. 
Alors ben, que veux tu? 
Que faire ? Que faire? 
Faire, faire, toujours faire, toujours occupé l'espace, 
toujours mettre du son dans l'espace. 
Le silence est tellement bon, 
tellement appréciable pour se recueillir, se retrouver. 
Partir et ne plus écouter les infos anxiogènes. 
Ca donne envie, mais est ce possible? 
A t'on envie de ça ?
Vraiment?
Y a t'il eu un Cluster dans la manif que j'ai faite mardi soir ?
Bizarrement Non...
Le Covid n'éxiste pas quand c'est pour la bonne cause...